Être en relation

Une voie chamanique

Actuellement, le chamanisme est à la mode. Il y a même des écoles pour devenir Chaman. On peut mesurer, dans cet état de fait,  l’impact de notre conditionnement et de notre culture : si le chamanisme existe, alors on peut l’apprendre et par conséquence l’enseigner. Est-ce vrai ?

Pour l’enseigner, nous avons besoin de le comprendre, d’en extraire des techniques pour pouvoir les transmettre sous forme de protocoles. De mon point de vue, ça sonne bizarre et pourtant je ressens une vérité peut-être même une nécessité à cette recrudescence.

Quel est le rôle d’un chaman ?

C’est celui qui œuvre pour l’harmonie, celui qui ordonne le chaos. Son pouvoir est de maintenir et rétablir l’ordre naturel des choses, la vérité en tant qu’équilibre.  » Equi-libre « , c’est-à-dire une égalité entre les forces qui s’opposent pour obtenir une libre circulation de l’énergie : de l’ordre dans le chaos, l’harmonie.

Je me pose simplement en observateur de notre monde, sans vouloir comprendre, simplement regarder. Et je vois un chaos social, un chaos écologique, un chaos organique, une perte de cohérence dans les échanges, de cohésion dans les systèmes.

Mais que fait le chaman… A-t-il démissionné ? A-t-il perdu son autorité, sa notoriété ? Car il y a effectivement une nécessité à le voir apparaître maintenant. Dans le fonctionnement social des peuples premiers, voir le chaman venir visiter la tribu n’était pas une bonne nouvelle car cela signifiait que l’équilibre avait été rompu. Alors, naturellement, le chamanisme aujourd’hui est à la mode, c’est un état de fait, mais c’est aussi l’annonce que l’équilibre a été rompu. L’ordre naturel, ordonné par la Nature elle-même, c’est-à-dire le mystère, le grand esprit, l’intelligence qui organise la matière et la rend vivante, a libéré un savoir gardé jusque-là par les peuples premiers. Bizarrement, ceux qui sont venus rompre l’équilibre ont aussi libéré le savoir pour le rétablir.

Aujourd’hui, et ce depuis les années 1960, l’occident réapprend au contact des traditions premières. Car il en a le pouvoir et la responsabilité. Créateur du désordre donc responsable du retour à l’harmonie.

« Je ne peux agir que dans ma création »: devenir chaman pourrait vouloir dire accepter d’être responsable du chaos pour pouvoir agir et rétablir l’harmonie.

Si on accepte cela, il est facile de reconnaître la parabole du sacrifice de Jésus comme une voie initiatique qui ouvre la porte au pouvoir chamanique.

Devenir chaman ?

Mourir à soi-même et renaître libéré de toute souffrance (déséquilibre) puis, telle la pierre philosophale de l’alchimiste, propager cette vibration avec autorité. Avec amour et fermeté.

Un chaman est un homme de pouvoir, pourtant un homme de pouvoir n’est pas nécessairement un chaman. Il y a une toute petite différence et c’est bien parce qu’elle est toute petite que la confusion est grande. Agir pour l’ordre naturel des choses, d’accord, mais qui décide de l’ordre, qui décide de ce qui doit être fait, quand et comment …

Nul besoin d’être érudit, de savoir, de comprendre car c’est une histoire de connaissance. Et cette forme de connaissance est intuitive, instinctive, son pouvoir est de s’auto-créer à partir de la nécessité de l’instant. Sur la voie de la connaissance, la première chose est de récupérer son pouvoir personnel pour libérer la connaissance justement (entendre par co-naissance: ce qu’il y a à l’intérieur de nous, depuis notre naissance, c’est-à-dire notre potentiel à créer en accord avec notre essence et nous sommes tous uniques).

Une des sources du chaos de notre société commence ici : nous avons perdu notre pouvoir personnel ou plutôt nous l’avons laissé, abandonné à des hommes qui œuvrent pour leurs intérêts. Si aujourd’hui nous sentons la dictature s’installer, ce n’est pas la responsabilité de ceux qui nous gouvernent mais la conséquence d’un choix collectif représenté par le peuple, qui a donné son pouvoir à des personnes ou un système qui l’utilisent à des fins personnelles. Il suffit qu’individuellement nous reprenions notre pouvoir sur nos vies pour nous libérer de cette supercherie. On ne nous a pas pris notre liberté : nous l’avons donnée, nous leur avons laissée, nous nous sommes nous-mêmes abandonnés. Certes, nous avons été conditionnés lorsque nous étions tendres enfants, en nous inculquant des croyances, une façon de penser, des peurs mais aussi du fait du manque d’amour.  Mais si vous lisez ceci vous n’êtes plus un enfant, alors il est l’heure de se relever, de se recréer avec amour et fermeté.

  • Première étape : retrouver son pouvoir personnel pour se libérer des conditionnements, se recréer.
  • Deuxième étape : accueillir en nous ce qui coule de source (intuition et instinct)
  • Troisième étape : s’affranchir des peurs, qui sont limitation, pour offrir ce que l’on est en vérité, en présence et en conscience que nous sommes une partie du tout nécessaire à l’harmonie de l’ensemble.

Et voilà un chaman est né. Maintenant ce qu’il va faire de son pouvoir va lui être dicté à travers son intuition et, naturellement, il va devenir un guerrier implacable car son mode opératoire sera basé sur l’instinct.

Ma définition de chaman : Un  voyageur libre de s’expérimenter dans l’infini des possibles, avec amour (joie) et fermeté (présence) face à l’éternité.

Être chaman ne signifie pas proposer des soins mais bien être libre et créateur responsable de tout ce qu’il vit. Si le chaman peut aider quelqu’un c’est que cette personne lui a donné son pouvoir ( » peux-tu agir pour moi ? ») et non pas parce qu’il a du pouvoir. Petite différence pour une grande confusion.

Effectivement, il y a des techniques qui peuvent être enseignées pour se déconditionner et des cercles, des réunions, pour apprendre à se reconnaître et se rencontrer soi-même, mais le véritable apprentis-sage est un chemin solitaire où nous avons besoin des autres, de la Nature pour mesurer le résultat de nos actes (l’impact de notre création ) et rechercher sans cesse à améliorer ce qui est.

Objectif : élever notre création dans les hautes sphères, là où règnent la beauté, l’harmonie et la joie.

Être en relation :

Voilà, on y est. Être en relation avec notre ressenti (intelligence du corps) pour être en relation avec notre environnement et y adapter notre décision, notre action (pouvoir personnel) sans peur (accepter d’être responsable) et recevoir en retour l’impact de notre action et continuer inlassablement ce chemin qui se représente à chaque instant, à chaque présent, tel une respiration. Je reçois, je donne, je reçois, je donne, je reçois, etc… jusqu’à l’infini être présent et conscient de ce mouvement éternel.

« Donner et recevoir c’est faire vivre l’âme » Victor Hugo

Accepter d’être le créateur et la créature. Si on ose comparer la vie à une scène de théâtre, nous serions en même temps le metteur en scène (celui qui décide), l’acteur principal (celui qui agit) et le spectateur (celui qui reçoit).

Un monde de perceptions :

Ce que l’on nomme « voir », chez les chamans, signifie ressentir l’environnement sans limite d’espaces et de temps, et cette capacité est présente naturellement en chacun de nous car elle appartient à l’intelligence du corps.

Être à l’écoute du corps et comprendre son langage suffit pour être pleinement connecté à notre potentiel infini. C’est simple, très simple même, une fois que la première étape (le déconditionnement) a été validée. Ensuite, il y a les peurs qui se sont créées sur les bases de l’expérience du passé. C’est pourquoi c’est une voie basée sur l’expérience. C’est en quelque sorte une rééducation. On réapprend à notre corps que là où il y a de la peur, il n’y a pas nécessairement de danger. Et ainsi, commence la co-création entre le ressenti et la décision. Le ressenti se base sur ce qu’il connaît, ce qu’il a pu enregistrer. La base de données est gigantesque car, à travers notre eau cellulaire il y a les mémoires de la Terre et, dans notre ADN le souvenir de l’unité c’est-à-dire de tous les possibles réunis.

En résumé, à l’intérieur de la cellule, il y a la connaissance de tout ce qui est possible et la mémoire de tout ce qui a été. C’est notre potentiel infini que les plantes, les animaux utilisent eux aussi pour se recréer, muter, s’adapter, évoluer. J’observe que l’homme ordinaire traite l’information à partir d’une vision erronée, conditionnée par des croyances et des traumatismes (je n’aime pas, je n’ose pas). Alors que l’homme libéré (chaman  ?) accepte ce qui vient à lui, s’amuse avec ses ressentis sans jugement de valeur (j’aime, j’aime pas) et enrichit le présent en trouvant un moyen d’y mettre de l’amour. Pour réussir, il a besoin de ressources, de nouvelles inspirations qu’il va puiser au centre de lui-même, direct dans le cœur de la cellule, l’ADN. Comment fait-il ? Et bien justement, il ne fait pas, il laisse faire, il respire car il sait que sa décision est prise :  » trouver un moyen d’y mettre de l’amour ». Il ne lui reste plus qu’à incarner l’idée qui va jaillir.

En quête de Gratitude :

La gratitude est un sentiment, c’est une affaire de ressenti.

Ce que je ressens, c’est le résultat, le retour de l’acte posé suite à une décision. Alors ressentir la gratitude signe qu’à travers mon action le grand œuvre s’est accompli. L’énergie se meut librement dans toutes les directions, il n’y a plus de sensation, de résistance ni d’obstacle, l’œuvre est accomplie, tout en moi est heureux et en cet instant je peux m’aimer en totalité.

Aimer tout ce qui est dans ce moment présent, c’est ça la gratitude envers toute la création. Une création qui me rend digne et m’élève directement dans la vibration des hautes sphères (beauté, joie, harmonie).

Apparaît ici la sagesse contenue dans cette voie du chamanisme, loin de tout pouvoir sur les autres ou sur le monde. Oser s’installer dans ce sentiment de gratitude à partir de ce que l’on produit directement par nos actes. Oser cette quête, cette recherche de qualité vibratoire et par conséquent l’offrir au monde. Devenir cette pierre philosophale qui rend lumineux tout ce qu’elle touche.

Que notre impact dans ce monde puisse atteindre ce degré de réalisation et ainsi œuvrer pour l’harmonie au travers des petites choses simples de notre quotidien : un regard, un mot, un geste qui guérit et génère la joie en opposition à ce qui blesse et génère la discorde.

Mitacuyé oyacin (nous sommes tous en relation)